Une petite lueur d’espoir

L’assistance de certains pays musulmans et de l’Autorité palestinienne pour vaincre les incendies a été particulièrement remarquée

Un Canadair israélien lors de son amerrissage (photo credit: REUTERS/BAZ RATNER)
Un Canadair israélien lors de son amerrissage
(photo credit: REUTERS/BAZ RATNER)
Israël vient de connaître des jours épouvantables. Des dizaines de milliers de personnes ont dû quitter leur maison, et des centaines sont encore sans-abri. Les flammes qui ont embrasé le pays laisseront une cicatrice durable. Elles ne sont, hélas, pas seulement dues à l’intense sécheresse et aux vents violents. Certes, la négligence a joué un rôle, mais parfois, ce sont des mains criminelles qui ont été à l’origine du feu. Le vent était le même vent, la sécheresse également la même, pourtant, les incendies dévastateurs n’ont pas atteint les villes et villages à majorité arabe. On a parlé d’intifada des flammes, il n’en a heureusement rien été. Ceci, bien que sur les réseaux sociaux des pays arabes voisins, beaucoup se réjouissaient ouvertement de la tragédie qui se déroulait : plaisanteries nauséabondes, caricatures abominables et encouragements aux pyromanes, tout y était.
Dans le même temps, d’autres voix se faisaient entendre et une solidarité inattendue se dessinait ; comme si toutes les controverses, tous les différends s’effaçaient devant le feu, cet ennemi venu du fond des âges. Chacun avait à cœur d’envoyer, qui un avion comme l’Allemagne ou Chypre, qui deux comme la Croatie ou la Bulgarie, qui trois comme la France, la Grande-Bretagne ou le Canada. Les bombardiers d’eau envoyés par la Grèce, les premiers à être intervenus, ont joué un rôle décisif dans la bataille. La Russie, de son côté, en a dépêché pas moins de six, et les Etats-Unis ont envoyé deux avions géants de type Hercules, tandis qu’une quarantaine de pompiers américains se portaient volontaires à titre privé, et embarquaient à leurs frais pour donner un coup de main à leurs collègues israéliens. Il faut encore mentionner l’Azerbaïdjan, présent avec deux hélicoptères. Celui-ci n’est d’ailleurs pas le seul pays musulman à être venu en aide à Israël : la Turquie, qui a amorcé il y a quelques semaines une difficile réconciliation avec Jérusalem, a aligné deux avions et autant d’hélicoptères, ce qui a valu au président Erdogan les remerciements appuyés de son homologue israélien.
Pour la première fois de son histoire, l’Egypte était elle aussi présente avec deux avions et deux hélicoptères. Mesure remarquable tant la population égyptienne est encore hostile au voisin avec lequel elle vit en paix depuis bientôt 40 ans. On a même vu des commentateurs tenter d’expliquer ce phénomène inédit par des arguments audacieux : ainsi Le Caire aurait craint que le feu n’atteigne Dimona et sa centrale atomique, si proche de la frontière égyptienne… Si les journaux du royaume n’en ont pas fait état, la Jordanie a pourtant dépêché trois camions de pompiers en Israël. Enfin, plus près encore et malgré les tensions qui règnent entre Ramallah et Jérusalem, la terreur des couteaux et la propagande haineuse, l’Autorité palestinienne a pris la décision d’intervenir elle aussi, en fournissant huit véhicules de pompiers et des dizaines de soldats du feu. Alors que pompiers palestiniens et israéliens combattaient main dans la main, Benjamin
Netanyahou a pris son téléphone pour remercier personnellement Mahmoud Abbas.
Faut-il voir là l’aube d’un jour nouveau ? Non, sans doute. Pourtant, il n’est pas interdit de distinguer, au-delà des flammes, une petite, une toute petite lueur d’espoir. 
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