Safed, spiritualité et musique

La mystique petite ville de Galilée à l’heure du klezmer

Festival klezmer 2013, Safed (photo credit: DR)
Festival klezmer 2013, Safed
(photo credit: DR)
Si Safed est surtout connue pour le charme de ses petites allées et ses synagogues mystiques, la ville se pare aussi volontiers, pour quelques jours d’été, de couleurs telaviviennes.
Dans les années cinquante à soixante-dix, la petite cité de Galilée était surtout prisée pour ses discothèques et ses artistes, un genre de petit Montmartre à la mode israélienne. Les hippies, yuppies ou baba cool branchés de Tel-Aviv y affluaient pour de folles escapades nocturnes. Peintres et sculpteurs de renom y avaient pignon sur rue.
Mais tout cela a changé à la fin des années soixante-dix : les artistes vieillissants ont peu à peu délaissé leurs galeries. L’arrivée d’une population religieuse hassidique, plus portée sur les plaisirs de l’esprit, a donné à Safed une couleur plus traditionnelle. Les boîtes de nuit ont fermé les unes après les autres tandis qu’ouvraient yeshivot et batei-midrash. Une nouvelle forme de tourisme a fait son apparition, qui met en avant le riche patrimoine local et le passé kabbalistique. La ville pleine de spiritualité accueille aujourd’hui plus d’un million de visiteurs par an. A la fin des années quatre-vingt, le maire de l’époque, Zeev Pearl, a eu une idée. Il souhaitait remettre Safed sur la carte culturelle israélienne, sans pour autant heurter la population religieuse de plus en plus importante. C’est ainsi qu’est né le festival  klezmer. La musique juive traditionnelle était dans l’air du temps, suffisamment branchée pour attirer les foules de la Ville blanche et d’ailleurs, mais appréciée également du public religieux.
30e festival de musique klezmer
Le festival célèbre cette année son 30e anniversaire. Au fil des ans, il a vu se succéder les plus grands noms du Klezmer, mais s’est également ouvert plus largement aux amateurs de jazz et de pop israélienne.
Klezmer signifie « musicien », en yiddish. Par extension, le mot caractérise aujourd’hui un certain type de musique née en Europe de l’Est et autour des Balkans. Jouée par les juifs ashkénazes à l’occasion des fêtes, mariages, bar-mitsvot, etc., elle est typique d’une certaine forme d’expression culturelle.
A l’origine, la musique tentait d’imiter les intonations du chantre de la synagogue, et plus largement la voix humaine, avec ses rires, ses pleurs, ses gémissements. Un ensemble klezmer comprend presque toujours un violoniste, capable de reproduire ces sons. A ses côtés le plus souvent, une contrebasse ou un violoncelle, une clarinette et une batterie. Parfois aussi un dulcimer ou un accordéon.
La musique klezmer fait revivre les chauds accents du shtetl, ces petits villages d’Europe de l’Est d’avant la Shoah. Presque tombé dans l’oubli dans les années soixante, ce style musical a connu un renouveau à la fin des années soixante-dix avec l’apparition de groupes juifs américains comme les Klezmorim ou Klezmatics. Le genre est aujourd’hui très en vogue, et l’on trouve des ensembles klezmers un peu partout, en Europe, en Israël, aux Etats-Unis. Tous passent par le festival de Safed, un jour ou l’autre.
Une affiche prestigieuse
Pilier du festival, et inlassable participant des réjouissances de Lag Baomer à Méron, Moussa Berlin est l’une des figures de proue de ces nuits estivales.
Le clarinettiste de Tel-Aviv et son ensemble slave mêlent rêve et réalité, ciel et terre, révélation et mystère, dans un florilège de mélodies aux accents hassidiques, mais aussi séfarades et orientales. Il se produira le premier soir, dans l’amphithéâtre de la Colonie des Artistes (Maayan haradoum). A l’affiche également, de grands noms de la musique israélienne : Yonathan Razel, Aaron Razel, Yishai Ribo ainsi que le très attendu David Broza, qui se produira avec l’Orchestre andalou d’Ashkelon. Après tout, la guitare flamenco est sans doute une cousine éloignée du violon tzigane, lui-même voisin du stradivarius judéo-hongrois.
Safed a des airs de promenade de bord de mer en cette période, où chaque coin de trottoir est occupé par des vendeurs en tout genre, artisanat, produits locaux et vêtements indiens. Des visites guidées de la vieille ville sont offertes tout au long de la journée. Sans oublier les galeries d’art, la fabrique de bougies, les fromages locaux, mais aussi une brasserie et quelques nouvelles caves viticoles dont les crus rivalisent avec les meilleurs. Et surtout, les musiciens amateurs au détour de la moindre allée, dont certains ne manqueront pas de vous surprendre. 
Le public francophone est invité à un voyage au cœur de la mystique et de la musique juive, au cours d’un séminaire de trois jours du 24 au 27 août sur le thème L’esprit et la musique. Au programme : découverte de la vieille ville et de la Galilée, Chabbat enchanteur face à Méron, méditation en forêt et initiation à la Kabbale. Logement en pension complète à l’auberge Ascent/Tzfat lodge. Réservations au 077 360 11 62.
Le festival de musique klezmer a lieu en soirée du 22 au 24 août dans la ville. Entrée libre. Il est recommandé d’arriver avant 16 heures (après, les routes sont bloquées par la police). Des navettes permettent l’accès aux sites.
© Jerusalem Post Edition Française – Reproduction interdite