L’euthanasie bientôt légale ?

Une nouvelle proposition de loi pourrait permettre aux médecins d’aider leurs patients en phase terminale à mettre fin à leurs jours

Ofer Shelah (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Ofer Shelah
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)

 

Un projet de loi présenté par le député Ofer Shelah a été voté par la commission sur la législation, dimanche 8 juin. Si elle devait être adoptée, la loi autoriserait les médecins à prescrire des drogues mortelles aux patients souhaitant mettre fin à leurs souffrances. Elle devra tout de même faire face à une rude opposition de la part de ses détracteurs religieux ainsi que de l’extrême-droite avant d’être adoptée par la Knesset.

Elle concerne des malades en phase terminale qui ne sont pas reliés à des appareils respiratoires. Il ne s’agira donc pas de « débrancher » les patients, mais de leur injecter une solution létale qui ne provoquerait aucune souffrance.
Ce texte de loi relatif à l’euthanasie, proposé et rédigé par le parlementaire Shelah de Yesh Atid, a remporté le soutien de la ministre de la Santé Yael German, députée Yesh Atid.
Le diagnostic de « phase terminale », terme central de cette loi, a été défini par la commission présidé par le rabbin et professeur Avraham Steinberg. C’est le critère clé de référence qui permettra la prescription d’une dose mortelle et la décision d’abréger les souffrances du patient.
« Cela lui accorderait un certain contrôle sur son existence sans que le docteur ne craigne de porter la responsabilité légale de sa mort ». Mais Shelah précise tout de même que cette mesure ne peut être envisagée qu’à « un stade où la douleur et la souffrance sont insoutenables ».
Selon le député, « c’est un problème auquel la société doit faire face. Le besoin (de créer) cette loi grandit avec l’amélioration de l’espérance de vie et des technologies médicales (qui gardent les patients en vie). »
Une telle mesure pourrait également aider les familles à se séparer d’un être cher, explique Shelah. En outre, « cela placera Israël au premier plan de la communauté des nations fidèles aux droits de l’Homme ».

Tout dépend de la constellation politique existante

Le professeur Avinoam Reches, neurologue au centre médical universitaire de Hadassah à Jérusalem, a traité de nombreux patients répondant aux critères définis par la proposition. Il a été témoin de leurs souffrances physiques et morales et exprime, à titre personnel, son approbation au projet de loi au Jerusalem Post. Cela permettra aux malades israéliens, autrefois obligés d’aller à l’étranger, de rester en Israël avec leur famille s’ils désirent mettre fin à leurs jours.

Quant à l’association médicale d’Israël, dont Reches dirige le département éthique, elle n’a pas adopté de position officielle, même si elle déclare ne pas s’opposer au projet de loi. « Le bureau d’éthique est neutre sur ce sujet », car d’après lui « sur les questions majeures, il doit y avoir un consensus pour que nous exprimions notre opinion ».
La loi actuelle concernant les patients en phase terminale n’est pas appropriée : elle mentionne uniquement les malades dont la survie est assurée par un appareil respiratoire. En théorie, elle donne l’option de mettre un terme à leur vie. Dans ce cas de figure, une minuterie serait programmée pour cesser l’activité de la machine à un moment donné. Ce qui causerait alors la mort du patient si ses poumons ne peuvent lui permettre de continuer à vivre. Des tests ont été effectués sur ce dispositif à Hadassah, qui n’a toutefois pas encore été validé par les autorités de la Santé.
Interrogé quant aux chances de la proposition de Shelah d’être acceptée, Reches répond : « Cela dépend de la constellation politique existante. Personne ne sera obligé d’y avoir recours. Si un patient religieux ne veut pas que la drogue lui soit administrée, il n’y a pas de problème, mais il n’a pas le droit de dicter aux autres leur conduite. »