Jérusalem, reine des glaces

Le patinage s’invite dans la capitale jusqu’au 22 avril. De l’initiation au show artistique, chacun y trouvera son compte. A vos patins !

Windy Rohde, patineuse artistique (photo credit: DR)
Windy Rohde, patineuse artistique
(photo credit: DR)

La neige qui a paralysé la capitale cet hiver a fondu depuis longtemps, le téléphérique qui permettra d’accéder au Kotel est encore à l’état de projet futuriste, mais Jérusalem prend des airs de station de sports d’hiver branchée avec l’installation d’une patinoire temporaire dans le complexe de l’ancienne gare de chemin de fer.

Comme l’a expliqué le maire Nir Barkat, lors de l’inauguration de YamBaKerach 2014, la capitale a de grandes ambitions culturelles et sportives. Du point de vue culturel, un complexe de salles de cinéma Cinemacity a ouvert fin février. Et pour les amateurs de sport, la municipalité multiplie les événements : de l’agrandissement  du stade Teddy pour les dernières Maccabiades au marathon de Jérusalem devenu un must parmi les marathons mondiaux, en passant par la marche de Jérusalem et même une course de Formule 1.
Le patinage sur glace était une discipline sportive méconnue du public israélien avant la grosse vague d’aliya russe des années 1990. La première participation d’Israël aux JO d’hiver remonte à 1994 avec Michael Shmerkin, patineur artistique originaire d’Ukraine.
En 20 ans, le pays a bien progressé dans ce domaine. Aux Jeux de Sotchi, un patineur de vitesse et trois patineurs artistiques ont vaillamment porté les couleurs bleu-blanc. Il y a maintenant trois patinoires permanentes dans le pays. Au Canada Center de Metoula, les meilleurs sportifs peuvent s’entraîner sur une surface de taille  olympique. Les telaviviens, eux, jouissent d’une piste de 500 m2 : Iskate, situé à proximité du Luna Park. Etonnamment, la troisième patinoire se trouve à Eilat, au cœur d’un centre commercial, et le contraste avec les températures caniculaires extérieures est énorme.
Jérusalem, propose, depuis quelques années, entre Pourim et Pessah, une initiation aux sports de glace. Cette saison, la patinoire a élu domicile à la Tahana Rishona, l’ancienne gare. Ce bâtiment, dont l’architecture ressemble aux vieilles gares de chemin de fer françaises, mais en pierres de Jérusalem, est un des nouveaux sites  culturels dynamiques hiérosolomytains. Le site fonctionne 7 jours sur 7 et propose du matin au soir toutes sortes de loisirs : gymnastique, yoga, location de vélos, de tandems ou de Segway, concerts et spectacles, expositions de photos. Plusieurs restaurants au design élaboré ont des menus originaux. Le bazar culinaire regroupe  des commerces alimentaires de qualité, complétés les jeudis et vendredis par un marché à la mode qui attire beaucoup de clients.
Patineuses de mère en fille
Dans ce cadre, les sports de glace devraient remporter un grand succès. La municipalité n’a pas lésiné sur les moyens : 600 m2 de patinoire couverte, dont la glace est entretenue tout au long de la journée. Les patineurs loueront sur place le matériel professionnel. Il est recommandé de porter des vêtements chauds, car la  température du hall est maintenue bien fraîche pour éviter la fonte de la glace. Des instructeurs expérimentés prodigueront des conseils aux débutants. La familiarisation des enfants se fait à l’aide d’animaux polaires en plastique : ils peuvent faire leurs premiers pas sur la glace en s’accrochant à des pingouins et les tout-petits  assis sur les phoques sont poussés par les parents.
Le public appréciera, les mercredis, des démonstrations de danse sur glace : y excelleront plusieurs patineuses natives d’Israël menées par Windy Rohde. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, elles enchaîneront lutz, boucle piqué, axel et autres salchow.
La surprise de la saison sera un grand show, du 10 au 22 avril : le Cirque d’eau et de feu.
Windy Rohde, 31 ans, originaire du Texas, réside dans un moshav près de Hadera. Elle apporte un savoir-faire professionnel et artistique rare en Israël. La jeune femme affiche en effet près de trois décennies de patinage au compteur et une carrière internationale. En d’autres termes, elle a su patiner à peu près en même  temps qu’elle a su marcher…
Son prénom lui a été donné en allusion au morceau de pop-music du groupe Association « Windy » que sa mère avait entendu dans l’ascenseur de l’hôpital juste avant de la mettre au monde.
Sa mère était entraîneuse de patinage, l’a emmenée quand elle avait 2 ans à la patinoire où elle enseignait, a bourré de morceaux de papier toilette les plus petits patins, lui a donné un peu de neige pour jouer avec, en pensant que sa fille resterait assise en s’amusant, mais Windy s’est levée, a commencé à marcher sur la  glace, est tombée plusieurs fois, mais la couche-culotte a amorti les chutes !
L’année suivante, elle a participé à son premier concours de patinage et l’a remporté. Bien sûr, il n’y avait pas beaucoup de concurrence. « J’étais la seule candidate, c’était une victoire facile », dit-elle en riant. Clin d’œil, son thème musical était « Windy ».
A partir de l’âge de 8 ans, les choses deviennent sérieuses et elle adopte un rythme de vie de sportive. « Je me levais très tôt tous les matins, et je pratiquais le patinage avant l’école, de 5 à 7 heures », se souvient-elle. « Et après l’école, je retournais à la patinoire, je devrais être au lit à 21 heures, j’appréciais vraiment le  samedi matin, quand je pourrais faire la grasse matinée. J’étais un rat de patinoire. Quand mes amis passaient du bon temps, allaient à des matchs de football et à des soirées, je me couchais à 9 heures du soir. »
Le patinage est dans ses gènes. Sa grand-mère juive, maintenant âgée de 78 ans, compte parmi les premiers entraîneurs de patinage femmes aux Etats-Unis, elle a seulement récemment pris sa retraite. Sa mère a été entraîneuse pendant plus de trois décennies. Elle a aussi une tante dans le même secteur d’activité.
Initier le public israélien
Windy a poursuivi son activité de patinage pendant l’adolescence, malgré l’influence sur sa vie sociale. « Je souhaitais parfois avoir une vie normale, sortir avec des amis, et juste faire des choses normales », raconte-t-elle. A l’âge de 17 ans, elle se rebelle et déclare à sa mère avoir envie d’une vie normale avec un petit ami…  Elle participe cependant à diverses compétitions, et parvient presque au niveau de la sélection olympique. A l’université, elle décide d’étudier les mathématiques et renonce quasiment au patinage. Mais l’appel de la patinoire est plus fort… Une fois son diplôme en poche, elle s’interroge sur son avenir ; sa mère lui suggère alors  de gagner un peu d’argent dans des tournées de spectacles de patinage. Et Windy réalise à quel point le patinage fait partie de sa vie. « Avant, je pensais que le patinage m’avait écartée d’une vie normale, puis j’ai réalisé que c’était une bénédiction d’avoir un tel talent. »
L’artiste s’engage alors dans les tournées mondiales de spectacle sur glace Holiday on Ice pendant 8 ans. Finalement, sa vie de globe-trotter la conduit en Israël quand la chaîne Isrotel recherche des patineurs pour son spectacle Wow on Ice. Elle est vivement recommandée par un couple d’amis. « J’ai passé un an de patinage à  Eilat, j’étais la princesse de glace. J’y ai rencontré mon compagnon. »
Elle a hâte de montrer ses talents de patineuse à YamBaKerach et de faire apprécier cette activité au grand public. « Je veux montrer aux Israéliens que le patinage est quelque chose de sympa et accessible. A mon avis, ils n’ont tout simplement pas assez d’occasions de le pratiquer. »  u
Renseignements :http://www.firststation.co.il/
bimot.co.il ou *6226