Une bonne nouvelle pour Israël ?

Si le contenu du programme de Donald Trump reste flou, Jérusalem a quelques bonnes raisons de se montrer optimiste

Rencontre entre Benjamin Netanyahou et le candidat à la présidence Donald Trump en septembre (photo credit: REUTERS)
Rencontre entre Benjamin Netanyahou et le candidat à la présidence Donald Trump en septembre
(photo credit: REUTERS)
«J’aime Israël et je respecte profondément la tradition juive. C’est important que nous ayons un président qui ait de tels sentiments », déclarait Donald Trump il y a deux semaines dans un message vidéo diffusé lors d’un rassemblement organisé dans la Vieille Ville de Jérusalem. « Mon administration se tiendra aux côtés du peuple juif et des dirigeants israéliens afin de renforcer encore les ponts qui relient non seulement les juifs américains et israéliens, mais aussi tous les Américains aux Israéliens », a-t-il ajouté. « Ensemble, nous ferons face aux ennemis qui, comme l’Iran, sont engagés à détruire Israël et son peuple. Ensemble, nous ferons de l’Amérique et d’Israël des endroits sûrs. »
Au-delà des grandes déclarations, qu’en sera-t-il vraiment de la politique du prochain président américain à l’égard d’Israël ? Difficile de le dire. Il ne fait aucun doute que l’improbable victoire de Trump a dû largement surprendre Benjamin Netanyahou et l’establishment israélien, tout comme elle a pris de court les dirigeants mondiaux. Passé le choc, à l’heure qu’il est, les discussions entre le Premier ministre et ses conseillers doivent donc aller bon train pour juger des répercussions de cette élection sur l’Etat juif. Le grand problème est que le gouvernement ne dispose que de très peu d’éléments pour étayer ses suppositions. Car si Netanyahou avait des différences de vues avec Hillary Clinton, il connaissait au moins ses positions et savait à quoi s’attendre, au regard de son action lorsqu’elle était secrétaire d’Etat. Les gouvernants, en général, aiment ce qui est prévisible. Le fait de savoir où ils mettent les pieds leur permet, en cas de divergences, de préparer la riposte.
Mais avec Trump, une telle prédictibilité est impossible. Netanyahou se trouve face à une ardoise vierge, une carte qui s’apparente à celle du joker.
Certes, le candidat républicain a su, durant sa campagne électorale, actionner les bons leviers sémantiques sur le sujet d’Israël – même s’il a fait hausser quelques sourcils en évoquant parfois la nécessaire « neutralité » des Etats-Unis dans le conflit israélo-palestinien ou le besoin des alliés israéliens de se rendre moins dépendants de l’assistance militaire américaine. Mais dans les faits, son passif concernant l’Etat juif est inexistant. Etre le Grand Marchal de la parade annuelle pour Israël à Manhattan est louable, mais ce n’est pas comme avoir géré les problèmes délicats du Proche-Orient pendant des années.
De bonnes raisons d’être optimistes
Cela dit, certains éléments doivent tout de même donner le sourire à Benjamin Netanyahou aujourd’hui. A commencer par l’identité du colistier de Trump, Mike Pence : l’ancien gouverneur de l’Indiana et député du Congrès est un chrétien évangéliste et un fervent supporter d’Israël. Dans un message envoyé lors du rassemblement dans la Vieille Ville – peu après le vote de la résolution de l’UNESCO niant les liens du peuple juif avec le mont du Temple – Pence affirmait que Jérusalem est « la capitale éternelle et indivisible du peuple juif et de l’Etat juif ». Il a également qualifié Israël « d’allié le plus cher de l’Amérique », et affirmé : « Les combats d’Israël sont nos combats, la cause d’Israël est notre cause. » En outre, et à la différence de Trump, il peut se prévaloir d’un passif important en termes de soutien politique à Israël.
L’autre raison de sourire pour le Premier ministre est que les Républicains ont pris le contrôle non seulement de la Maison-Blanche mais aussi du Sénat. Au cours de ses huit années à couteaux tirés avec Obama, Netanyahou a toujours pu trouver un peu de réconfort auprès d’un Congrès à majorité républicaine qui l’a largement soutenu. La situation est inédite pour le chef du gouvernement : en dix années de pouvoir, il n’a jamais travaillé aux côtés d’un président issu du camp républicain dont les vues se rapprochent nettement des siennes.
L’autre élément qui prête à l’optimisme est que le 20 janvier prochain, la Maison-Blanche sera occupée par un homme qui n’a cessé de dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien. S’il n’a pas promis, comme d’autres l’ont fait avant lui, d’abroger le texte, Trump se montre très critique vis-à-vis du traité et devrait garder les yeux bien ouverts face aux éventuelles violations de ses termes par Téhéran. Bien qu’on ne sache rien encore de la future composition de son administration, nul doute que ceux qui ont soutenu l’accord n’en feront pas partie.
Dernier point de satisfaction : JStreet, cette organisation juive de lobbying qui s’est attachée à faire pression sur l’administration Obama afin qu’elle durcisse ses positions à l’égard d’Israël, s’apprête à perdre considérablement son influence.
Reste à savoir de quelle manière l’élection de Donald Trump influencera la politique de Barack Obama à l’égard d’Israël durant les deux mois de présidence qui lui restent, alors que beaucoup prédisent une ultime tentative de sa part pour influencer le processus de paix israélo-palestinien. Il se pourrait que les résultats de l’élection ne poussent l’actuel locataire de la Maison-Blanche à une initiative plus audacieuse que prévu.
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