« Je me moque de moi-même ! »

Ary Abittan se produira le 12 décembre à Tel-Aviv pour présenter son dernier spectacle, My Story

Affiche du dernier spectacle d'Ary Abittan (photo credit: FIFOU)
Affiche du dernier spectacle d'Ary Abittan
(photo credit: FIFOU)
A quelques jours de votre représentation à Tel-Aviv, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Je vais formidablement bien, d’autant que mon spectacle à Tel-Aviv est déjà complet depuis plusieurs semaines ! Ceci dit, c’est toujours une appréhension de remonter sur scène, encore plus en Israël où toute la famille de mon père habite… A chaque nouveau spectacle, je me produis à Tel-Aviv. C’est toujours très agréable pour moi de venir ici.
  • Quels sont vos liens avec Israël ? Quels souvenirs gardez-vous de vos séjours ici ?
J’y vais beaucoup moins souvent qu’avant, mais j’ai des souvenirs incroyables de vacances ici avec mes parents lorsque j’étais adolescent. Je ne suis pas vraiment un globe-trotter, donc je n’ai pas tellement eu l’occasion de visiter le pays, mais je peux vous dire que j’ai bien profité de la plage, des sorties… Depuis, je viens uniquement dans le cadre de mes spectacles, ce qui me donne aussi l’opportunité de voir ma famille qui vit à Ashdod.
  • Parlez-nous de My Story.
Pour ce spectacle, je n’ai fait que raconter ma vie. Je l’ai écrit à l’aube de mes 43 ans : il parle de mon enfance à Sarcelles et Garges-lès-Gonesse, de mon adolescence, de mon mariage, mon divorce, mes enfants, le célibat, les névroses… C’est une sorte de discussion avec le public. D’ailleurs, les gens viennent me voir à la fin du show et me parlent de leur propre expérience du divorce… On a le choix d’en rire ou d’en pleurer, et moi, j’ai décidé d’en rire avec le public. Cela me réjouit de voir autant de monde à chacune de mes représentations. Me distraire, rire et faire rire, c’est mon seul objectif !
  • Vous avez dit : « J’ai fait ce métier pour faire rire une seule et unique personne : ma mère. »
C’est vrai ! Je crois que dans la vie, on démarre tous un métier pour rendre fier un de nos proches. En ce qui me concerne, je voulais faire rire les gens pour faire rire ma mère…
  • Votre premier job, c’était chauffeur de taxi. Comment passe-t-on de cette profession à comédien ?
J’étais chauffeur de taxi pour faire plaisir à mon père qui exerçait ce métier. Cela me permettait de payer mes cours de théâtre, mais aussi d’éveiller mon sens de l’observation. Quand les passagers montent dans votre voiture, ils sont un peu comme chez le coiffeur, ils se confient à vous... Vous avez en moyenne vingt clients par jour, et à chaque fois ce sont des anecdotes et des histoires différentes qui vous permettent d’explorer un peu plus la vie… Certaines choses vous font rire, d’autres vous attendrissent. Et le cerveau, c’est un peu comme un disque dur, il retient des choses sans même en avoir conscience. Je ne peux pas vraiment expliquer le lien entre chauffeur de taxi et comédien. Je sais juste que j’aime faire rire et monter sur scène.
  • Pendant les trajets vous diffusiez à vos clients vos sketches en leur faisant croire que c’était Rire et chansons. Comment réagissaient-ils ?
Je voulais prendre la température en direct mais ils n’entendaient pas bien en fait ! C’était encore l’époque des cassettes audio ! En plus, il y avait un peu d’huile dessus, car lorsque j’enregistrais mes sketches, ma mère cuisinait en même temps [rires  !
  • En parlant de cuisine, vous êtes d’origine tunisienne par votre mère et marocaine par votre père. Quel est votre plat préféré ?
Chez nous, chaque jour correspondait à un plat en particulier. Et celui du dimanche, c’était spaghettis aux merguez, à la tunisienne, avec plein de sauce tomate ! Ma mère hurlait car elle passait deux jours à cuisiner et en vingt minutes, on avait tout englouti !
  • Vous êtes le père de Léna, Romy et Netty, trois jeunes filles âgées de 12 à 17 ans. Quel style de père êtes-vous ?
Je suis un papa assez angoissé. Je peux les appeler 400 fois d’affilée si je vois qu’elles ne sont pas encore rentrées à la maison ou chez leur mère ! Ce sont des adolescentes en âge de sortir, donc je m’inquiète, mais j’essaie quand même de ne pas leur transmettre mon angoisse et surtout, je leur demande d’être prudentes !
  • Etes-vous du genre « papa gâteau » ou plutôt autoritaire ?
Non, je suis un vrai papa gâteau… un gâteau tunisien plein de miel [rires] ! Mais c’est à elles qu’il faudrait poser la question en fait. Ce que je peux dire, c’est qu’avec mes filles, nous sommes très liés. Elles se confient à moi, on partage des dîners, on rit et on délire énormément... On a la culture de la « déconne » et ça, c’est très agréable !
  • Comment prendriez-vous la nouvelle si elles vous annonçaient qu’elles se marient avec un Noir ou un Arabe comme dans le film Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?
Franchement, je ne sais pas quoi vous dire, elles sont encore trop jeunes… je ne me suis jamais posé la question. Je vous suggère de me la reposer dans quelques années…
  • Comment avez-vous vécu votre divorce avec votre ex-femme Sylvie Journo ?
Je le dis sur scène, je ne peux pas vous le dévoiler ! S’il y a eu des blessures ? Oui, bien sûr, d’ailleurs on ne peut pas rire qu’avec de bons sentiments, on rit avec des sentiments vrais, forts... J’essaie de tourner mon histoire en dérision pour pouvoir en rire. En fait, je me moque de moi-même dans tout ça.
  • Vous avez dit dans la presse : « La vie de couple n’est pas pour moi. »
J’ai dit ça dans la presse ou c’est la presse qui a dit ça de moi [rires] ? Je crois que le couple a évolué, que c’est un réel travail de vivre à deux mais moi, je n’aspire qu’à une seule chose : retomber amoureux, trouver l’âme sœur, vivre et partager des moments de bonheur, comme tout
le monde !
  •  En réalité, votre maman et vos filles ne sont-elles pas les seules femmes de votre vie ?
Non, pas du tout. Depuis que je suis en âge de fréquenter des filles, je peux dire que toutes les femmes avec qui je suis sorti ont été mes professeures. Je les ai toutes aimées profondément et je leur ai tout donné. Et pas uniquement à ma mère, ma sœur et mes filles !
  • Quelle rencontre a le plus marqué votre vie ?
Il n’y a pas une rencontre plus qu’une autre. Les femmes en général, je les aime profondément. Elles ont été mes confidentes, toujours présentes pour moi.
  • Vous qui avez grandi à Sarcelles où toutes les religions se mélangeaient, pensez-vous que la paix entre Juifs et Arabes sera un jour possible ?
Evidemment c’est encore possible ! Et il faut y croire, sinon cela ne sert à rien d’être dans ce monde ! On est là pour s’aimer et ne pas attiser la haine. Je crois en l’humanité, en l’amour, en l’apaisement… Lorsque je vois des gens de tous horizons et de toutes religions venir à mon spectacle, je trouve ça formidable. C’est ce que j’ai vécu quand j’étais petit. On était en bas de la tour à Sarcelles, on savait qu’on avait des religions différentes, mais on en parlait juste pour se marrer ! Il n’y avait ni Juifs, ni Arabes, ni Noirs, ni Blancs, ni Chinois… Il y avait juste des copains !
  • Quelle a été votre plus belle rencontre dans le métier ?
Il y en a eu plusieurs, mais je suis obligé de parler de Gad Elmaleh. Il m’a offert mon premier rôle au cinéma dans Coco en 2007 et après on s’est lié d’amitié. Il m’a aussi aidé pour mon premier spectacle. C’est quelqu’un de très important pour moi, ainsi que sa sœur Judith Elmaleh qui a coécrit avec moi mon spectacle A la folie.
  • Justement, depuis votre premier rôle dans Coco jusqu’à aujourd’hui, quel bilan dressez-vous de votre carrière ?
Un bilan très positif. Depuis, je n’ai pas arrêté de travailler, d’évoluer, de distraire le public… Je me réjouis tous les jours de ce qui m’arrive.
  • Avez-vous d’autres actualités à annoncer ?
Oui, je fais la voix française d’Hector dans le nouveau Disney-Pixar qui est sorti le 29 novembre et qui s’appelle justement Coco ! En 2018, je entamerai le tournage de Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu 2 et bien sûr, je poursuis la tournée partout en France avec mon spectacle My Story.
  • Souhaiteriez-vous adresser un dernier message à nos lecteurs ?
J’ai vraiment hâte de venir jouer à Tel-Aviv et d’y rencontrer le public francophone. Je voudrais d’ailleurs le remercier grandement de venir me voir si nombreux… Cela me touche énormément ! 
Le spectacle du 12 décembre est complet. Ary Abitan se produira de nouveau en Israël au printemps. Pour tout renseignement, appeler le 053 708 48 58
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