Bas les masques, BDS !

La nouvelle stratégie pour combattre la délégitimation d’Israël commence à porter ses fruits

Rod Stewart en juin à Tel-Aviv (photo credit: LIOR KETER)
Rod Stewart en juin à Tel-Aviv
(photo credit: LIOR KETER)
Alors que le mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) a eu le champ libre pour répandre ses allégations contre Israël pendant près d’une décennie, une stratégie se met enfin en place pour tenter de contrer son narratif. Israël a en effet pris conscience que la tactique adoptée jusqu’ici, qui était de faire valoir les performances du pays et de mettre en avant son statut de start-up nation, n’a eu qu’un impact limité. Et pour cause. Quel bénéfice peut-on tirer de la mise en valeur des merveilles de Waze, si en face nos détracteurs jouent sur l’émotion du public en dépeignant un Etat sioniste tueur d’enfants et occupant brutal ?
Jiu-jitsu intellectuel
La nouvelle approche adoptée par le pays consiste donc à focaliser l’attention non plus sur Israël, mais sur ses ennemis. Il s’agit de mettre en lumière le message véhiculé par le BDS et d’en souligner l’hypocrisie et les mensonges, afin de révéler sa véritable nature. Les partisans du mouvement de boycott se voient alors pris à leur propre piège : la pauvreté de leurs arguments et l’antisémitisme qui les motive bien souvent se retrouvent exposés au grand jour. Cette méthode consiste en partie à révéler l’identité de ces activistes sur la place publique via les réseaux sociaux ou le site Canary Mission, qui répertorie les individus ou groupes qui promeuvent la haine d’Israël et des juifs sur les campus américains. Le site établit des listes avec le nom de ces personnes, l’endroit où ils habitent, le groupe auquel ils appartiennent, le rôle qu’ils y jouent, et donne le détail de leurs activités. Ces profils incluent généralement une photo, ainsi que la mention des réseaux sociaux sur lesquels ils sont actifs
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Si certaines personnalités pro-BDS du show-biz ont un temps exercé leur influence sur la scène culturelle internationale, le vent a tourné. Leurs penchants radicaux mis au jour, les voilà désormais discréditées. C’est le cas de Roger Waters du groupe Pink Floyd. Autrefois icône du BDS, le musicien est aujourd’hui largement ignoré lorsqu’il demande aux artistes de boycotter Israël : Aerosmith, Radiohead, Rod Stewart et les Pet Shop Boys ont résisté aux pressions de Waters et se sont produits devant le public israélien. Thom Yorke, l’un des membres du groupe anglais Radiohead, s’est exprimé sans détour dans une interview parue dans le magazine Rolling Stone : « C’est profondément irrespectueux de penser que nous sommes désinformés ou attardés au point d’être incapables de prendre nos décisions par nous-mêmes. » Et d’ajouter : « Je pense que c’est extrêmement condescendant et vraiment désolant de la part d’un artiste que je respecte de penser que nous ne sommes pas capables de prendre les bonnes décisions sur le plan moral. » Et pour le groupe britannique, la décision la plus morale était d’aller en Israël divertir ses fans aux origines multiculturelles. Charles Asher Small, le fondateur de l’Institut pour l’étude de l’antisémitisme et la politique (ISGAP) à l’université américaine McGill, a indiqué lors de la conférence annuelle de l’IDC d’Herzliya, que son ONG travaille sur un documentaire intitulé Wish You Weren’t Here (On aurait aimé que vous ne soyez pas là), portant sur l’antisémitisme contemporain et le mouvement BDS. Il a notamment évoqué les efforts de Roger Waters pour véhiculer des images antijuives, notamment lors d’un récent concert, lorsqu’il a fait flotter un ballon en forme de cochon imprimé d’une étoile de David et d’un dollar, ainsi que les comparaisons qu’il établit entre Israël et les nazis. Le site de l’ISGAP appelle d’ailleurs en représailles au boycott des concerts du chanteur, tout comme le site wedontneedrogerwaters.com, qui appelle à signer une pétition demandant au plus grand nombre d’éviter ses shows.
En 2016, un best-seller intitulé Le BDS pour les idiots incitait déjà les activistes anti-BDS à ne plus se focaliser sur Israël dans leur action, mais à se concentrer sur le narratif du mouvement pour le discréditer. L’ouvrage affirmait qu’il s’agit d’un combat de jiu-jitsu intellectuel : à l’image de cet art martial japonais, il s’agit de déceler les nombreux points faibles, et de les utiliser pour démonter et contrebalancer ses arguments. Le livre détaille ainsi des faits criants qui démontrent à quel point ces activistes se disant pro-palestiniens se soucient en réalité peu des personnes qu’ils sont censés défendre, allant même jusqu’à leur causer du tort. Cela est clairement apparu lorsque les pressions exercées par le mouvement de boycott ont contraint l’usine SodaStream à quitter Mishor Adoumim en Judée-Samarie pour s’installer dans le Néguev, privant ainsi de travail des centaines de Palestiniens. Une action qui, en dépit des terribles conséquences, a été considérée par le BDS comme une victoire. Récemment, SodaStream et le gouvernement ont trouvé un moyen d’acheminer en bus ces travailleurs jusqu’à la nouvelle usine de Rahat, afin qu’ils retrouvent leur emploi auprès de leurs collègues juifs et bédouins. Cette histoire montre clairement qui cause les torts, et qui se préoccupe réellement des travailleurs palestiniens.
Hors la loi
Dans de nombreux pays, le BDS commence à être démasqué et mis hors la loi au niveau local et national. En Espagne, Angel Mas et son organisation ACOM ont fait annuler plusieurs activités du mouvement qui devaient se dérouler dans différentes villes du pays, en faisant appliquer la législation condamnant les appels au boycott d’Israël. La mise en avant des lois locales a également permis à UK Lawyers for Israël (UKLFI), un groupe de volontaires composé d’avocats britanniques, de connaître un certain nombre de victoires. Il a ainsi pu contrer nombre de résolutions de boycott prises par le corps étudiant dans plusieurs universités de Grande-Bretagne, en informant les dirigeants des campus que ces appels au boycott risquaient de les mettre en infraction par rapport au droit régissant les organismes de bienfaisance, et par là même compromettre le statut leur permettant de recevoir une aide gouvernementale. L’organisme aide aussi les étudiants à lutter contre l’antisémitisme dont ils sont victimes, provenant souvent d’activistes haineux du BDS. Jonathan Turner, le fondateur de l’UKLFI, regrette simplement que son organisation ne dispose pas de plus de moyens financiers et de volontaires pour décupler son efficacité.
Guilad Erdan, le ministre des Affaires stratégiques israélien, a rejoint cette nouvelle approche pour lutter contre la délégitimation d’Israël. En juin, il a lancé le site internet 4IL.org.il, qui présente de courtes vidéos montrant les mensonges du BDS. Aux Etats-Unis, certaines villes et plusieurs Etats se joignent aussi à cette lutte : en mai, le Nevada est ainsi devenu le 20e Etat américain à légiférer pour rendre le BDS illégal. Ce succès est le fruit du travail de Christian Allies Caucus, un groupe consacré au renforcement des liens entre les chrétiens et Israël, ainsi que celui du Pr Eugene Kontorovich au travers de l’Israël Allies Foundation (Fondation des alliés d’Israël). Cette réussite est intervenue suite à la rencontre entre Kontorovich et le président du comité judiciaire de Caroline du Sud, Alan Clemmons. Lors d’une visite en Israël, ce dernier a en effet rencontré le propriétaire d’AL Solutions, une société touchée par la campagne du BDS, et qui possède une usine en Caroline du Sud. Le législateur a donc vite fait de comprendre le dommage social et financier que le BDS risquait de causer dans son Etat si ses actions mettaient au chômage les employés de l’usine ; c’est ainsi que l’Etat de Caroline du Sud est devenu l’un des pionniers en matière de législation anti-BDS.
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